Colloque | Cartographie du Web littéraire francophone

Web littéraire francophone : que change-t-il à la création littéraire ? 
Une des questions lancinantes que pose toute production nativement numérique résulte de son homogénéisation et de sa qualité intrinsèque. Davantage vues comme l’apanage des amateurs ou comme un terrain d'expérimentations, les créations numériques souffrent parfois d’un déficit de reconnaissance car elles s'éloignent des horizons d'attentes construits par les littératures imprimées. Cette vision des choses s’explique du fait de l’environnement plurisémiotique qui sous-tend l’écosystème numérique, marqué par des transgressions et ruptures normatives de toute nature.  L’une des pistes intéressantes à explorer dans ce cadre peut consister à relever et discuter les critères (linguistiques, textuels, discursifs,  génériques, stylistiques, narratifs, etc.,) pouvant permettre d’évaluer la "littérarité" des créations littéraires en ligne. L'apparition des modes d'autopublication en ligne (réseaux sociaux, blogs, forums) rebat-elle les cartes de la légitimation des œuvres ? La définition du "littéraire" s'inscrit en effet dans des logiques historiques et culturelles complexes : est-il possible d'imaginer quelles évolutions dessinent ces pratiques d'écritures littéraires web? Une poétique de l'ultra-contemporain, transcendant ses supports, peut-elle être esquissée ? Dans quelle mesure les possibilités de l'hypermédia contribuent-elles à ces transformations ? Comment envisager les paradigmes culture savante/populaire, experts/amateurs, centre/périphérie dans ce cadre renouvelé des créations littéraires francophones ?      

Francophonie et cyberespace : un nouveau couple  de sens 
Il s’agit ici de faire un travail de prospection de sites, blogs et réseaux sociaux à visée littéraire, non seulement dans leurs activités propres, mais également dans leurs échanges dynamiques, afin d’étudier comment la Francophonie se déploie désormais en réseaux grâce à l’utilisation massive d’Internet. Une importance sera aussi accordée aux auteurs, chercheurs qui sont sur le terrain du numérique, et plus spécifiquement dans une dynamique locale et par les biais de multiples expériences singulières. De ce qui précède, émerge une série de questions : comment associer des compétences en sciences de l’information et de la communication, en littérature et dans d'autres disciplines encore pour redéfinir et repenser la Francophonie ? Quels sens accorder à la notion de  cyberespace  dans le cadre de la Francophonie ? Quels sont les liens qui existent aujourd’hui entre littérature francophone et française, lorsqu’on tient compte des réalités numériques ? Existe-t-il des réseaux de création spécifiques aux diverses zones francophones? Quelles sont les thématiques privilégiées dans les productions nativement numériques ? Permettent-elles d’envisager une évolution des faits et réalités de la francophonie littéraire ? Du point de vue linguistique : une nouvelle donne francophone émerge-t-elle des possibilités ouvertes par les réseaux internationaux ? Quelles perspectives envisager en termes d’identités des auteurs francophones? Assiste-on à de nouvelles configurations identitaires, culturelles et sociologiques ? Comment l’approche postcoloniale réinvestit-elle aujourd’hui le champ de la littérature numérique ?   

Corpus numériques : textes, discours, genres, pratiques et usages
Avec le numérique, il est de plus en plus question d’écriture multimédia, de texte augmenté, de discours protéiformes et de techno-genre. Les symboles, scripts, émoticônes investissent ainsi l’univers des mots et bouleversent  au passage la logique de leur structuration. Comment envisager et (re)définir dans ces conditions la notion de texte, de discours et de genre ? D’un autre point de vue, quelles précautions prendre dans le moissonnage de corpus numériques ? Quelles sont les difficultés et limites de diverses orientations adoptées ? Qu’est-ce qui résulte des approches qualitatives et quantitatives dans la constitution des corpus nativement numériques ?

L’édition numérique : usages, modèles et archivage de corpus 
Le constat semble partagé : les pratiques littéraires numériques ont une incidence significative sur les mutations observées dans la filière de l’édition. Ainsi une étude socio-économique approfondie de l’amont à l’aval de la filière serait riche en enseignements.  Elle permettra d’identifier des types de lecteurs ainsi que leurs pratiques littéraires numériques (lectures uniquement numériques ou couplées au papier ? Que disent les statistiques de navigation par rapport aux fréquentations des lecteurs ? Quelles sont les raisons poussant ces lecteurs à s’orienter vers la littérature numérique ?, etc.). Du côté des éditeurs, il s’agira d’identifier les (nouveaux) acteurs qui publient des œuvres nativement numériques et de comprendre comment ils se positionnent vis-à-vis et au sein de la filière « traditionnelle » de l’édition. Dans ce cadre, une analyse comparative des pratiques et des filières de la création littéraire numérique  des différentes zones géographiques francophones  serait la bienvenue.

Pour aller plus loin encore, la médiation des technologies numériques a transformé de façon radicale la manière dont les corpus sont appréhendés. Ils sont de plus en plus labiles et posent la question à la fois de la représentativité et de l’exhaustivité. Quels sont alors les outils, méthodes et techniques actuels d’indexation et d’archivage de corpus numériques  capables de suppléer à ces difficultés ? De même le passage du papier au support virtuel n’est pas sans conséquence du point de vue de l’édition. Grâce au principe d’affordance et aux divers logiciels généralement gratuits, l’hétéro-édition est devenue une réalité plausible. Les auteurs peuvent être leur propre éditeur en contrôlant directement les plateformes qui constituent leur lieu de création et de production. Ils peuvent même assurer sans intermédiaires  la promotion de leurs écrits. Quels sont les défis qui relèvent de toutes ces transformations notables ? Existe-t-il des différences culturelles, voire idéologiques, dans le cadre de l’édition des corpus numériques ?

 

PROGRAMME

 

22 JANVIER

M A T I N

8h45 - Ouverture du colloque   1ère partie : Corpus numérique, quelle pertinence heuristique, méthodologique et épistémologique ? Modération : Christian Cote, Université Lyon 3 9h - Conférence plénière de Bertrand GERVAIS, titulaire chaire de recherche du Canada sur les arts et les littératures numériques : Le partenariat Littérature québécoise mobile 10h - Pierre BOIZETTE, chercheur postdoctoral, IFRA, Nairobi : Reconnecter les littératures des Grands-Lacs africains, l'initiative "Sembura" 10h35 - Pause café 10h50 - Aboubakar SIDI NJUTAPWOUI, Université Maroua, Cameroun : Quelle cartographie de la littérature francophone à l'ère du cyberespace ? 11h25 - Patricia Sylvie ESSONGHE, Université Omar-Bongo de Libreville, Gabon : Le cas de certains blogs et sites littéraires francophones subsahariens 12h - Servanne MONJOUR, Université Paris 4 Sorbonne : Le corpus "brouhaha" au défi de la visualisation du texte

A P R E S - M I D I

2e partie : Francophonie ; configurations numériques, dynamique transversale et confins sémantiques Modération : Lucien Perticoz, Université Lyon 3 14h - Conférence plénière de Marcello VITALI-ROSATI, département des littératures de langue française de l'Université de Montréal : Plaidoyer pour des frontières disciplinaires poreuses 15h - Nicolas SAURET, Université Paris Ouest : Les institutions fantômes de la littérature numérique 15h35 - Pause café 15h50 - Inès BURRI, Université Jean Moulin Lyon 3 ; Anaïs CHAMBAT, ENS de Lyon ;  Celian RINGALD, Université Lumière Lyon 2 : Ébauche de visualisation de productions littéraires francophones d'Haïti et retour d'expérience 16h25 - Amel MESLI, École Supérieur de Management de Tlemcen, Algérie : L'impact des pratique de la numérisation dans la création littéraire francophone

23 JANVIER

M A T I N

3e partie : Genre(s) et création à l'ère du numérique Modération : Gilles Bonnet, Université Lyon 3 9h30 - Karen CAYRAT, Université de Lorraine (Crern) : Des effets du web sur la création littéraire, évolution des pratiques et légitimation des œuvres 10h05 - Corentin LAHOUSTE, FNRS-UCLouvain : Inconnu à cette adresse ; plongée exploratoire dans la création littéraire numérique belge en langue française 10h40 - Pause café 10h55 - Karima AIT DAHMANE, Université de Blida : Francophonie et création littéraire en Algérie à l'ère du numérique, état des lieux et enjeux 11h30 - Nadja MAILLARD DE LA CORTE GOMEZ, Université d'Angers & Violaine BIGOT, Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle : La littérature populaire en français sur le web contribue-t-elle à morceler ou à unifier l'espace numérique francophone ? Le cas des chroniques : de part et d'autre de la méditerranée

A P R E S - M I D I

4e partie : Web littéraire et configurations socionumériques Modération : Bélen Hernandez Marzal, Université Lyon 3 14h - Yahiaoui KHEIRA, Ecole Normale Supérieur d'Oran Algérie : Pratique discursives et hybridité dans les forums de discussion algérien 14h35 - Emmanuel VASLIN, directeur Atelier Canopé Maine-et-Loire : àMainLevé, un dispositif d'écriture original sur les réseaux sociaux 15h10 - Jean VERDIN JEUDI, Université d'État de Haïti : L'internet et la mise en scène de soi ; la participation du web dans la restructuration des dispositifs de légitimation et le processus de concrétisation des créations littéraires en Haïti 15h45 - Pause café 15h50 - Sylviane MÉDARD, doctorante LLSH Université Grenoble Alpes : Présentation de l'œuvre The pleasure of the coast ou Le Plaisir de la côte de J.R. Carpenter 16h35 - Enrico AGOSTINI MARCHESE, (UdeM) doctorant à Université de Montréal : Notes pour une littérature de terrain. Le devenir spatial de la littérature numérique 17h35 - Servanne MONJOUR, Université Paris 4 Sorbonne & Nicolas SAURET (UdeM) & Enrico AGOSTINI MARCHESE (UdeM) : Le "repertoire des écrivains numériques". Archivage et institutionnalisation de la littérature numérique

24 JANVIER

M A T I N

5e partie : Corpus en ligne, herméneutique et obstacles méthodologiques Modération : Christian Cote, Université Lyon 3 9h30 - Conférence plénière de Pierre HALEN, Université Lorraine, gestionnaire de Mukanga ; Charles BONN, Université Lumière Lyon 2, gestionnaire de LIMAG ; Virginie COULON, Université de Bordeaux, gestionnaire de LITAF : Trois sites au service des littératures francophones du Sud (LITAF, LIMAG, Mukanda) 10h30 - Jean-Pierrre FEWOU NGOULOURE, Université de Toulouse Jean Jaurès : Quelle cartographie de la littérature francophone à l'ère du cyberespace ? 11h05 - Pause café 11h20 - Jean-Baptiste MONAT, Université Lumière Lyon 2 : À la recherche du web littéraire, une enquête hyper-perplexe en hypertexte

A P R E S - M I D I

6e partie : Nouveaux horizons littéraires & performance d'auteurs Modération : Jean-Baptiste MONAT, Université Lumière Lyon 2 14h - Servanne MONJOUR, département des littératures de langues françaises de l'Université Paris 4 Sorbonne sur les écritures numériques & Marcello VITALI ROSATI, Chaire de recherche du Canada sur les écriture numériques : La littérature (par la) bande 15h - Pause café 15h15 - Jean VERDIN JEUDI, Écrivain et bloggeur, responsable d'un club de jeune écrivains de Haïti : Lectures de textes 15h50 - Autour de Marie-Anaïs GUEGAN, doctorante Université Jean Moulin Lyon 3 : Table ronde d'administrateurs de plateformes d'écriture littéraire 16h45 - Gilles BONNET, Christian COTE, Université Jean Moulin Lyon 3, Pierre HALEN, Université de Lorraine, Jean-Pierre FEWOU NGOULOURE, Université Toulouse 2 Jean Jaurès : Table ronde, de l'Index à Lifranum ; les grands enjeux de la Francophonie numérique

 

WEB-TV

 

1ère partie

Bertrand GERVAIS : Le partenariat Littérature québécoise mobile

 

Pierre BOIZETTE : Reconnecter les littératures des Grands-Lacs africains, l'initiative "Sembura"

 

Jean-Pierrre FEWOU NGOULOURE : Quelle cartographie de la littérature francophone à l'ère du cyberespace ?

Patricia Sylvie ESSONGHE : Le cas de certains blogs et sites littéraires francophones subsahariens

Servanne MONJOUR : Le corpus "brouhaha" au défi de la visualisation du texte

2e partie

Marcello VITALI-ROSATI : Plaidoyer pour des frontières disciplinaires poreuses

 

Nicolas SAURET : Les institutions fantômes de la littérature numérique

Inès BURRI, Anaïs CHAMBAT, Celian RINGALD : Ébauche de visualisation de productions littéraires francophones d'Haïti et retour d'expérience

3e partie

Karen CAYRAT : Des effets du web sur la création littéraire, évolution des pratiques et légitimation des œuvres

 

Corentin LAHOUSTE : Inconnu à cette adresse ; plongée exploratoire dans la création littéraire numérique belge en langue française

 

Karima AIT DAHMANE : Francophonie et création littéraire en Algérie à l'ère du numérique, état des lieux et enjeux

Nadja MAILLARD-DE LA CORTE GOMEZ, Violaine BIGOT : La littérature populaire en français sur le web contribue-t-elle à morceler ou à unifier l'espace numérique francophone ?

4e partie

Yahiaoui KHEIRA : Pratique discursives et hybridité dans les forums de discussion algérien

Emmanuel VASLIN : àMainLevé, un dispositif d'écriture original sur les réseaux sociaux

 

Jean VERDIN JEUDI : L'internet et la mise en scène de soi ; la participation du web dans la restructuration des dispositifs de légitimation et le processus de concrétisation des créations littéraires en Haïti

Sylviane MÉDARD : Présentation de l'œuvre The pleasure of the coast ou Le Plaisir de la côte de J.R. Carpenter

5e partie

Pierre HALEN, Charles BONN, Virginie COULON : Trois sites au service des littératures francophones du Sud (LITAF, LIMAG, Mukanda)

 

Jean-Baptiste MONAT : A la recherche du web littéraire, une enquête hyper-perplexe en hypertexte

6e partie

Servanne MONJOUR : La littérature (par la) bande

 

Jean VERDIN JEUDI : Lectures de textes

 

Autour de Marie-Anaïs GUEGAN : Table ronde d'administrateurs de plateformes d'écriture littéraire

 

Gilles BONNET, Christian COTE, Pierre HALEN, Jean-Pierre FEWOU NGOULOURE : Table ronde, de l'Index à Lifranum ; les grands enjeux de la Francophonie numérique