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Axe 4 - Poétique

Nouvel axe

Depuis le commencement de ses activités, le groupe MARGE travaille à renouveler les questions de poétique : les colloques et les livres sur Simone Weil et le poétique (Kimé, 2007), sur l’Ut pictura poesis selon Yves Bonnefoy (Farhad Ostovani et le livre, Kimé, 2008), sur Le Haïku en France (Kimé, 2010), sur l’écriture aphoristique de Roger Munier (Le temps qu’il fait, 2011), sur Ponge et ses lecteurs (Kimé, 2014), et sur les oeuvres de Philippe Jaccottet (Lettres, 2014) et de Pierre-Albert Jourdan (Les Cahiers de marge, 2015), témoignent de cette tradition à laquelle collaborent beaucoup des enseignants-chercheurs de l’équipe, ainsi que plusieurs de ses doctorants : c’est ce qui a rendu possible, dans les précédents contrats, une journée d’étude sur « Poésie et phénoménologie », une autre sur « L’idée de poème philosophique », le colloque « Politiques de Ponge » (organisation avec l'ENS et l'université de Valenciennes ; en parallèle : une exposition à la Bibliothèque InterUniversitaire : « Ponge en regards », actes à paraître à la RSH en 2015), et divers séminaires de masters aux problématiques voisines : par exemple, en 2012-2013, « Le travail vivant de la poésie », et, en 2013-2014, « Histoire et sens du mythe des ‘poètes maudits’ » ; et c’est aussi ce qui va féconder, en octobre 2015, le colloque sur Joubert et ses lectures (Lyon 3, et Bibliothèque municipale de Lyon).
 
Le projet pour le prochain contrat est de poursuivre et d’approfondir cette multiple recherche.
 
Une première question générale, susceptible d’être érigée au rang de philosophie première, est celle de savoir si le concept de « travail », auquel les poètes recourent désormais sans relâche pour désigner leur recherche, en particulier depuis le romantisme (Vigny, Baudelaire, Mallarmé), éclaire ou non la conscience de soi de la poésie moderne, et convient ou non pour en décrire les moments fondateurs : un colloque devra porter sur le sens de l’usage de cette notion dans la poétique des poètes.
 
Or les premiers travaux menés récemment par le groupe Marge sur ce sujet attestent déjà que le « travail » en question étant de nature d’abord négative (visant à défaire dans les mots l’autorité des concepts), c’est à une réflexion sur la relation du poème au savoir qu’il faudra ensuite s’adonner : en particulier sur « l’ignorance » (Jaccottet), ou le « non-savoir » (Bataille), ou la « docte ignorance » (Jean-Louis Chrétien), soit sur toutes les méthodes de la mise hors-jeu des préjugés et des jugements par le travail des poètes.
 
Il s’ensuivra qu’une troisième recherche devra porter sur l’idée de « désécriture », telle qu’elle est mise en oeuvre, consciemment ou non, de Rousseau à nos jours, et telle en effet que, par exemple, elle sera une clef de l’interprétation de l’écriture fragmentaire depuis Joubert, du poème en prose depuis Baudelaire, et de l’abaissement du vers lui-même chez un Michaux, ou un Du Bouchet, comme dans la pensée d’un Walter Benjamin. Désécriture sera donc le titre des recherches de MARGE portant sur l’archi-politique du poétique (comme critique des idéologies), sur la simplification de la conscience par la voie des rythmes (comme franchissement de « l’universel reportage »), et sur le poids du processus de démocratisation (au sens de Tocqueville) sur les écritures des XXe et XXIe siècles.
 
Ces travaux seront associés à ceux qui, requérant une pratique effective de la poésie contemporaine, seront menés avec l’École des Beaux-Arts de Lyon et en partenariat avec l’ENSATT : car le groupe MARGE vient de décider de collaborer pour le prochain contrat à la « Station d’art poétique » (École des Beaux-Arts, ENSATT, MARGE) qui est déjà un lieu de rencontre des auteurs confirmés, et de production d’écritures inédites : et cette collaboration prendra la forme d’au moins un séminaire commun, et vaudra aux étudiants de master une validation complétant leur formation.