• Manifestations scientifiques,
  • Culture,
  • Langues littératures et civilisations étrangères,
  • Lettres,
  • Recherche,

Séminaire inter-laboratoires | L'espace littéraire de Berlin à Vladivostok - 2e édition

Evènement | 26 octobre 2018
Séance 1 : 26 octobre 2018 (14h-17h)
Séance 223 novembre 2018 (14h-17h)
Séance 3 : 18 janvier 2019 (14h-17h)
Séance exceptionnelle : 22 mars 2019 (14h-17h)
Séance 4 : 12 avril 2019 (14h-17h)

Réunissant des chercheurs des universités lyonnaises et grenobloises qui consacrent leurs travaux aux littératures d’Europe centrale et orientale, et de Russie, ce séminaire inter-laboratoires s’ouvre cette année avec deux rencontres qui auront lieu à la Bibliothèque Diderot de Lyon en octobre et novembre 2018, et deux rencontres à l'université Grenoble Alpes en janvier et avril 2019.
 

PROGRAMME

 

SÉANCE 1 : Écrivain et exil

 
Tatiana Victoroff (Configurations littéraires, Université de Strasbourg) et Anne Maître (Bibliothèque Diderot de Lyon) présenteront la manifestation qu'elles co-organisent en lien avec le centenaire de la naissance d'A. Soljénitsyne.

Le nom de Soljenitsyne, auteur d’Une journée d’Ivan Denissovitch et de l’Archipel du Goulag qui ont obligé le monde à regarder en face la réalité des camps de concentration soviétiques, a été au cœur de violentes polémiques. Aujourd’hui, avec la disparition du contexte politique qui les a nourries, celles-ci semblent loin et son œuvre est délaissée. Soljenitsyne n’aurait plus rien à nous apprendre que nous ne sachions déjà et les quelques nouvelles controverses qui naissent autour de son nom portent plus sur une figure tutélaire dont se revendiquent les uns ou les autres que sur un écrivain à l’œuvre riche et complexe. Ne serait-il pas temps de le relire, d’écouter à nouveau sa voix propre, d’entendre ce qu’elle a à nous dire de notre temps, de notre humanité ? On sera surpris, peut-être, d’y découvrir une universalité et une actualité permanente.
 
Anna Lushenkova-Foscolo (MARGE, Université Jean Moulin Lyon 3)

Elle s'intéressera aux dossiers rassemblés par Guilaine Ivanoff-Limant, professeur de russe, et conservés aujourd'hui à la Bibliothèque Diderot de Lyon. Il y a environ dix ans, Mme Ivanoff-Limant a donné à la bibliothèque, en même temps qu'une bonne partie de sa bibliothèque de littérature russe, une quinzaine de boîtes d'archives, contenant de nombreux documents consacrés à l'œuvre de Marina Tsvetaeva. Tous ces dossiers ont été dépouillés par A. Lushenkova- Foscolo qui en fera la présentation lors de cette première séance de notre séminaire.
 

SÉANCE 2 : Traduction et transferts poétiques France-Russie

 
Natalia Gamalova : « Innokenti Annenski dans les anthologies françaises de la poésie russe »
 
Biographie : Natalia Gamolova, professeur des universités en langue et littérature russes, membre du Centre d’études linguistiques (CEL, EA 1663),  est l’organisatrice de cette deuxième séance du séminaire inter-laboratoires « L’espace littéraire de Berlin à Vladivostok ». Ses travaux de recherche concernent plus particulièrement la période de l’Âge d’argent et l’œuvre d’Innokenti Annenski (1855-1909).

Résumé : Innokenti Annenski (1855-1909), poète surnommé « le Mallarmé russe », helléniste, traducteur d’Euripide et des décadents français, semble ne pas être bien connu en France. En ce qui concerne les éditions à part, seul un petit livre de 120 pages, en format poche, sorti en 1993 dans la collection bilingue Orphée / La Différence, rassemble une cinquantaine de ses poèmes. L’intervention de N. Gamalova se propose donc de parcourir les Anthologies de la poésie russe, éditées en France, afin d’évaluer la place que ces recueils poétiques réservent à Annenski. Comment y est-il présenté? Quels poèmes sont choisis ? Qui les traduit ? Les anthologies (à certaines époques, c’est une forme privilégiée regroupant des textes étrangers) représentent parfois le seul moyen de découvrir des poètes qui, ni oubliés, ni mineurs dans leur propre pays, n’appartiennent pas au Panthéon des hommes de lettres étrangers que le lecteur français reconnaîtrait facilement.
 
Rosina Neginsky « Zinaida Vengerova et les symbolistes russes »
 
Rosina Vengerov, maîtresse de conférences en littérature comparée à l’Université de Springfield  (Illinois, Etats-Unis), est écrivain et poète, critique d’art et spécialiste de littérature. Ses travaux de recherche portent sur le mouvement symboliste et sur la vie et l’œuvre de l’écrivaine russe, Zinaida Vengerova (1867-1941). Son intervention reviendra sur l’œuvre de Z. Vengerova et sur son rôle déterminant au sein du mouvement symboliste russe
 

SÉANCE 3 : Le journalisme littéraire en Pologne : ancrages et échanges 1918-2018

 
Anna Saignes « Une archéologie politique du reportage »
 

Le reportage - appellation désignant une large palette de pratiques d’écriture à la jonction de la littérature, du journalisme et des sciences sociales - représente un courant essentiel dans les littératures hyper-contemporaines. En France, plusieurs auteurs revendiquent aujourd’hui leur statut d’écrivain-reporter. Comment interpréter cette présence de plus en plus insistante du reportage dans le paysage des littératures contemporaines   Son succès est sans doute lié à l’idéal, clairement incarné par le reportage, d’une littérature transitive et performative, articulant la saisie du - et l’intervention dans - le réel. Sommes-nous aujourd’hui parvenus à ce moment où le roman doit laisser la place au reportage, moment prédit, dans l’entre-deux-guerres, par Egon Erwin Kisch et Bertold Brecht ? La tradition polonaise du reportage, forte et pérenne depuis le début du siècle, fournit un angle pour aborder le nouvel âge d’or du reportage, au travers d’une archéologie mettant en évidence les fertilisations croisées, les circulations modélisantes et les appropriations inventives qui ont permis la constitution de la pratique.

Anne-Marie Monluçon « Le reportage comme littérature : le rapport au temps »
 

En s’appuyant sur un corpus essentiellement franco-polonais, on esquissera une réflexion sur le rapport au temps et sur son traitement dans le reportage. Qu’est-ce qui assure à ces textes un intérêt de lecture durable ? Certains reporters évitent d’emblée de traiter l’événement à chaud (par exemple, le Polonais W. Tochmann, spécialiste de l’après-génocide). Mais, lorsque le reportage s’empare d’un événement qui lui est contemporain, quelles raisons nous reste-t-il de le lire dans l’après-coup ? Pourquoi lire aujourd’hui le récit de la révolution iranienne de 1979 par Ryszard Kapuściński, Marc Kravetz ou Michel Foucault ? À l’inverse, dans d’autres cas, qu'est-ce qui s'oppose à la réception différée d’un reportage en le rendant moins lisible  ?
 

SÉANCE EXCEPTIONNELLE : Regards croisés sur Panaït Istrati

 
Aurélien Demars (Université Savoie Mont Blanc) : « Déracinement et pérégrination : le départ vers l’ailleurs selon Istrati »
 

Biographie : Docteur en philosophie, vacataire de l’Université Savoie Mont Blanc, les recherches d’Aurélien Demars se concentrent sur les pensées existentielles, sur la circulation des idées et des images entre Europe de l’Ouest et Europe de l’Est, spécialement la Roumanie, ainsi que sur la philosophie et la littérature du mal. Auteur de nombreuses études sur Cioran et Fondane, il est le co-éditeur de Cioran, Œuvres, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de la Pléiade », 2011 et le co-directeur de Cioran, Archives paradoxales, nouvelles approches critiques, Paris, Classique Garnier, 2015-2018, t. 1-4.

Résumé : Entre fuite de l’ici et aspiration à là-bas, qu’est-ce qui déclenche le départ vers l’ailleurs ? Comment un instant jette-t-il sur la route en vue de ce qui n’est encore nulle part ? Serait-ce à dire que l’espace autre de l’utopie de l’ailleurs se décide dans le temps réaliste et critique qui conduit au départ ? L’œuvre autant que la vie de Panaït Istrati réinterrogent la radicalité du départ, dont on ne sait trop si le déracinement en serait la cause ou la conséquence. Afin de mettre en lumière chez Istrati la signification existentielle de cette route sans retour pour l’ailleurs, nous nous emploierons à restituer le sens d’un tel départ à l’aventure, en particulier dans le récit Mes départs d’Istrati, mais en nous appuyant aussi sur le témoignage de Nikos Kazantzaki – tous deux compagnons de route et écrivains de l’aventure. Nous tenterons ainsi de cerner cette méditation philosophique du vagabondage à laquelle nous reconduit Istrati.

Mariana Perișanu (chercheuse en littérature comparée) : « Panaït Istrati le journaliste prolétaire et ses témoignages sur les massacres des mineurs à Lupeni »
 

Biographie : Docteur en littérature comparée, professeur universitaire de français à Bucarest, Mariana Perișanu a enseigné les littératures francophones en tant que professeur invité à l’Université d’Artois (Arras) entre 2002 et 2010. En 2009 elle a reçu la médaille Profesor Bologna de l’Alliance Nationale des Organisations des Etudiants Roumains (ANOSR). Promue en 2005 Chevalier de l’Ordre des Palmes Académiques, elle est présidente de la section roumaine de l’Association des Membres de l’Ordre des Palmes Académiques (AMOPA) depuis 2014 et Officier des Palmes Académiques depuis 2017. Mariana Perișanu a traduit en roumain Le Livre des hontes de Jean-Pierre Martin et Cahier d’un retour au pays natal d’Aimé Césaire. Elle est vice-présidente de l’Association des Amis de Panaït Istrati. En 2012 elle a collaboré à l’ouvrage collectif Passages et ancrages en France Dictionnaire des écrivains migrants de langue française (1981-2011) publié par Honoré Champion. Dernier ouvrage paru : Francophonie littéraire roumaine Mini-glossaire et convergences, Editura ASE, Bucarest, 2011.

Résumé : Les huit articles publiés dans Lupta (Le Combat) du 24 septembre au 2 octobre 1929 traduisent l’indignation de l’écrivain face aux massacres des mineurs à Lupeni le 6 août 1929, et son investigation sur place au vu des circonstances concrètes de cette tragique répression. Ils sont un cri d’alarme et un avertissement au régime Iuliu Maniu qui cache les complicités et prolonge illégalement l’état de siège dans la Vallée du Jiu. « J’ai vu et j’ai tâté des faits douloureusement tristes et je tiens à les dire sans détours dans l’espoir d’apaiser tant soit peu les souffrances des plus démunis dont je tire mon origine ».
 

SÉANCE 4 : La genèse du conte littéraire de Berlin à Vladivostok

 
Laure Thibonnier « La genèse du conte littéraire en Russie »
 
Laure Thibonnier revient sur l’apparition du conte littéraire en Russie, à l’époque romantique. Son intervention s’arrête plus précisément sur le rôle joué par Vassili Joukovski et Alexandre Pouchkine dans la création de ce genre.
 
Natacha Rimasson-Fertin « Genèse du conte littéraire en Allemagne au XIXe siècle »
Bien que se présentant comme simples collecteurs de contes dès le titre de leur recueil (Kinder- und Hausmärchen, gesammelt durch die Brüder Grimm), Jacob et Wilhelm Grimm ont en réalité accompli une œuvre d’auteurs à part entière en retravaillant minutieusement les récits au cours des sept éditions successives que le recueil a connues de leur vivant (de 1812 à 1857). En matière de contes allemands, ceux des frères Grimm sont bel et bien l’arbre qui cache la forêt. C’est eux que la postérité a retenus, alors qu’à leur époque, d’autres recueils avaient bien davantage de succès auprès des lecteurs. Les Grimm ne furent pas non plus les premiers à publier des contes en allemand, quand bien même leur projet était tout autre que ceux de Musäus et Benedikte Naubert, dont les recueils virent le jour dans les années 1780.

Dans l’Allemagne du XIXe siècle, la genèse du conte littéraire est indissociable de plusieurs facteurs : le Romantisme est la période du conte par excellence, et c’est dans cette tradition que s’inscrivent Jacob et Wilhelm Grimm. N’oublions pas non plus la célèbre controverse qui opposa les deux frères à leurs amis Arnim et Brentano autour de l’opposition entre Naturpoesie et Kunstpoesie (« poésie de nature » et « poésie d’art »). En découle entre autres la question du rapport à la matière populaire et de la place accordée à celle-ci dans les contes littéraires. Enfin, le contexte historique des années 1810 à 1850, marqué par à la fois par l’émergence d’un sentiment national allemand et par l’attribution à l’enfant d’une place nouvelle dans la famille et dans la société, peut contribuer aussi à expliquer le véritable foisonnement de contes littéraires à cette époque. Ces lignes de force nous permettront de situer par rapport au projet des Grimm des auteurs qu’ils ont éclipsés malgré eux et qui sont moins connus – à tort – du grand public aujourd’hui.
 
Katia Vandenborre « Le conte littéraire polonais : étude de cas, digressions et pistes de réflexion »
 
Dans son intervention, Katia Vandenborre présente et analyse Petite Sonia (Sońka, 2014) d’Ignacy Karpowicz de manière à faire ressortir les caractéristiques féeriques de ce roman aux allures de conte. Elle tente de mettre cette œuvre en parallèle avec d’autres contes littéraires polonais dans le but de l’inscrire dans une tradition littéraire qui remonte au romantisme et qui n’a jamais faibli jusqu’à l’époque contemporaine. Ces considérations historico-littéraires centrées sur la Pologne permettent d’initier un débat théorique sur le conte et ouvrent la voie à une réflexion plus générale sur son développement entre Berlin et Vladivostok.

Document(s) à télécharger

INFOS PRATIQUES

Lieu(x)

Campus des Quais, Hors campus

26 octobre & 21 novembre 2018
Salle des séminaires
Bibliothèque Diderot de Lyon
5, parvis René Descartes
Lyon 7

18 janvier & 12 avril 2019
Université Grenoble Alpes
621 avenue centrale
Saint Martin d'Heres
 

Plan d'accès
Contact

Frédérique Lozanorios

frederique.lozanorios@univ-lyon3.fr

Type

Colloque / Séminaire

Thématique

Manifestations scientifiques, Culture, Langues littératures et civilisations étrangères, Lettres, Recherche

Partenaires